Chaque rentrée a son parfum de renouveau. Mais celle-ci, peut-être plus que d’autres, est aussi accompagnée de son lot d’incertitudes : tensions économiques, inflation, pressions du marché, transformations sociales.

 En tant que dirigeants, nous sommes souvent attendus comme les repères, les piliers, ceux qui tiennent le cap.

Mais qu’est-ce qui nous tient, nous ?

La réponse ne se trouve pas dans des recettes toutes faites ni dans des techniques managériales. Elle se niche plus profondément, dans nos forces motrices. Ces moteurs intérieurs ne sont pas des concepts abstraits : ce sont des forces de sens. Elles nous relient à ce qui compte vraiment, elles nous donnent l’énergie de traverser les crises, et elles teintent notre manière de conduire nos équipes.

Alors, en cette rentrée, une question s’impose : comment identifier et nourrir mes forces motrices, et comment les laisser inspirer mes décisions, mes comportements et mes relations dans un contexte de turbulence ?

1. FORCES MOTRICES : DES RACINES DANS LA TEMPETE

Une crise est comme un vent violent. Elle révèle ce qui est solide et ce qui est fragile, ce qui est enraciné et ce qui ne l’est pas. Quand les certitudes tombent, ce qui reste ce sont nos forces motrices, ce qui donne du sens à nos actions.

Le concept de force motrice évoque ce qui anime de l’intérieur, ce qui agit comme un levier durable d’énergie et d’élan. Chez un dirigeant, elle dépasse le simple désir ou l’ambition : elle incarne une direction intime, un horizon intérieur qui façonne ses choix, ses résistances et ses priorités.

  • Si votre moteur est la recherche de sens, vous trouverez dans la crise un appel à redéfinir la finalité de vos actions.
  • Si votre moteur est la contribution, vous verrez dans la difficulté une occasion de solidarité et de création collective.
  • Si votre moteur est l’innovation, vous accueillerez la contrainte comme un terrain fertile pour inventer autrement.

Les forces motrices agissent comme un ancrage : elles ne suppriment pas la tempête, mais elles évitent que nous soyons emportés. Elles nous rappellent que notre rôle n’est pas seulement de réagir aux urgences, mais d’incarner une vision, une cohérence.

En vous demandant aujourd’hui : « quelles sont mes forces motrices à cette étape ? », vous cherchez à ramener à la conscience ce qui est devenu implicite — ces ressorts silencieux qui vous propulsent ou vous freinent.

2. NOURRIR CE QUI NOUS ANIME, MEME DANS L’ADVERSITE.

En temps de prospérité, il est facile de se dire qu’on est aligné. Mais dans les moments de tension, c’est là que la vérité de nos moteurs se mesure.

Identifier vos forces motrices ne suffit pas : il faut les alimenter pour qu’elles ne s’étiolent pas. Voici quelques perspectives pour nourrir votre moteur intérieur :

  • Revenir à l’essentiel : en situation de crise, on coupe le superflu. Ce dépouillement est une chance. Vos forces motrices vous indiquent ce qu’il est vital de préserver — dans vos décisions, vos relations, vos choix stratégiques.
  • Donner à vos moteurs un espace vivant : si vous ne nourrissez pas ce qui vous anime, vous risquez de vous assécher. Nourrir votre moteur intérieur ne signifie pas ignorer les contraintes financières, opérationnelles ou humaines. Mais un dirigeant qui perd le lien avec ce qui l’anime profondément devient mécanique — et ses équipes le perçoivent. Nourrir votre moteur, c’est maintenir votre énergie intérieure disponible.
  • Transformer la contrainte en levier : une force motrice, lorsqu’elle est activée, transforme les obstacles en ressources. Le manque, la pression, les incertitudes deviennent non pas des murs, mais des appels à la créativité et à l’adaptation.
  • Ritualiser des moments d’intimité avec votre moteur: une marche, un carnet, une retraite courte, un “temps de silence” programmé chaque semaine pour écouter cette force motrice — sans agenda, sans distraction.
  • Renouer avec votre “pourquoi” grandiose: revisitez votre vision originelle, ce qui vous a mis en mouvement au départ. Ravivez l’ardeur première, non comme un idéal abstrait, mais comme un point de repère interne.
  • S’entourer de compagnons de route: pairs, mentors ou coachs, capables de reconnaître et d’alimenter ce qui vous anime en profondeur. Leur ton, la réciprocité de la relation, le défi qu’ils incarnent : autant de leviers qui vous reconnectent à vous-même lorsque le tumulte du quotidien brouille la vision.

Nourrir son moteur en crise n’est pas un luxe, c’est une discipline vitale.

 

3. FORCES MOTRICES ET LEADERSHIP : INSPIRER SES COLLABORATEURS AUTREMENT

Nos collaborateurs ne nous suivent pas seulement pour nos compétences ou nos résultats. Ils nous suivent parce qu’ils perçoivent une cohérence. En crise, plus que jamais, ils cherchent un leader qui incarne un cap intérieur.

  • Vos forces motrices  guident vos comportements visibles : si vous êtes aligné, votre calme inspire confiance, votre parole a du poids, votre courage devient contagieux.
  • Elles créent un effet miroir : vos collaborateurs reconnaissent, consciemment ou non, que vous agissez à partir d’un centre solide. Cela leur donne envie de s’ancrer eux-mêmes dans ce qui les anime.
  • Elles ouvrent un espace de sens partagé : en osant parler de ce qui vous meut profondément, vous invitez vos équipes à exprimer ce qui compte pour elles. Et c’est là que naît la mobilisation collective, même dans la difficulté.

Ainsi, vos forces motrices façonnent vos décisions, votre style de leadership, vos priorités, vos limites.

Quelques effets à observer :

  • Sélection des projets: vous direz oui à ce qui “nourrit” votre moteur, et non à ce qui l’étouffe. Souvent, vous négligez les “non” : apprendre à dire non est une protection essentielle de votre moteur.
  • Style relationnel: votre moteur peut orienter ce que vous valorisez chez les autres (autonomie, loyauté, audace, rigueur…). Vos interactions, vos délégations en seront teintes.
  • Rythmes et énergie: un moteur intense peut pousser à l’épuisement si vous ne respectez pas vos limites.
  • Conflits internes: il y aura inévitablement des moments où deux moteurs se heurteront (par exemple, le moteur de l’efficacité vs celui de la relation). Vous devrez arbitrer avec clarté.
  • Résilience et dépassement: lorsque les vents sont contraires, le moteur vous aide à tenir — mais uniquement s’il est enraciné dans le réel.

Un dirigeant déconnecté de ses moteurs devient un gestionnaire froid. Un dirigeant enraciné dans ses forces motrices devient une source d’inspiration.

Observer dans vos décisions quotidiennes (petites et grandes) : “qu’est-ce qui parle, résonne, donne sens en moi ?” — ce questionnement révèle l’influence de vos forces motrices.

 

4. Conclusion : RITUELS POUR RE-ACTIVER VOS FORCES MOTRICES

 

Voici trois pratiques simples pour identifier vos forces motrices et nourrir votre moteur en cette rentrée :

  1. Le carnet du moteur
    Chaque semaine, notez les moments où vous avez senti votre moteur vibrer (énergie, enthousiasme, conviction). Demandez-vous : qu’est-ce qui, dans cette situation, nourrissait vraiment mon moteur (cœur/corps/esprit) ? Notez ce qui vous nourrit vraiment et ce qui vous vide.
  2. Le “NON” stratégique
    À chaque début de mois, identifiez une décision ou une tâche que vous refuserez, non pas par confort, mais parce qu’elle contredit vos forces motrices ou vos valeurs. Ce NON protège votre énergie.
  3. Le cercle de cohérence
    Partagez ce qui vous anime, ce qui vous retarde, ce que vous craignez. Demandez un retour sur la cohérence perçue entre ce que vous dites et ce que vous faites .Ces actions sont modestes, mais puissantes. Elles rappellent que diriger, ce n’est pas seulement décider, c’est aussi tenir un espace de sens, pour soi et pour les autres.

Et si, cette rentrée, vous décidiez d’explorer vos moteurs avec plus de profondeur, je serais ravie de vous accompagner dans ce voyage,