Les règles congés payés sont un enjeu RH majeur pour les dirigeants de TPE et PME. Entre impératifs légaux, besoins opérationnels et attentes des salariés, une mauvaise gestion peut engendrer tensions internes, perte de productivité et risques juridiques. Ce guide complet vous aide à sécuriser votre organisation, respecter la législation, tout en conservant une équipe motivée et bien encadrée.

1. Les fondements des règles congés payés : que dit la loi ?

Selon le Code du travail, tout salarié a droit à 2,5 jours ouvrables de congés payés par mois de travail effectif, soit 30 jours ouvrables par an pour une année complète. Ces jours sont généralement décomptés en jours ouvrables (du lundi au samedi, hors jours fériés), sauf mention contraire dans la convention collective ou un accord d’entreprise.

 

Ce que cela implique pour votre entreprise :

  • Période de référence : généralement du 1er juin de l’année précédente au 31 mai de l’année en cours. Par accord d’entreprise (même sans représentant du personnel), il est possible de changer de période de référence, notamment en passant en année civile. Cette solution est souvent plus pratique s’il existe des JRTT qui sont gérés par année civile.
  • Acquisition automatique : même en cas de temps partiel, arrêt maladie, ou contrat à durée déterminée.
  • Prise de congés : elle doit être organisée par l’employeur, qui peut refuser une demande si elle nuit au bon fonctionnement de l’entreprise, à condition de motiver sa décision. Les congés peuvent désormais se prendre dès leur acquisition. Il n’est plus obligatoire d’attendre d’avoir acquis la totalité des congés.
  • Temps partiel : il n’y a pas de proratisation des jours de congés. Le décompte se fait ainsi selon les mêmes modalités qu’un salarié à temps plein.

⚠️ Important : Vous avez l’obligation d’assurer que vos salariés prennent leurs congés avant expiration de leurs droits, sous peine de devoir les indemniser.

 

Cas particulier : rupture du contrat et solde de congés

Lors de la fin d’un contrat, si le salarié n’a pas pu poser tous ses congés, il doit recevoir une indemnité compensatrice de congés payés, équivalente aux jours restants non pris.

2. Application concrète des règles congés payés en entreprise

1. Planification collective et individuelle

Anticipez les absences pour éviter les effets de bord sur votre activité. Un planning annuel, même simple, permet de :

    • Visualiser les périodes de forte activité.
    • Équilibrer les départs en congé entre services ou équipes.
    • Prévenir les conflits liés aux choix de dates (vacances scolaires, fêtes de fin d’année…).

2. Formalisation et transparence

Diffusez les règles internes dans une note de service ou dans le règlement intérieur : ordre de priorité, délais de demande, procédures de validation.

 

3. Digitalisation de la gestion

Utiliser un outil RH ou un logiciel de gestion de congés permet :

  • De calculer automatiquement les droits acquis et les soldes.
  • D’assurer la traçabilité des demandes.
  • De centraliser l’information sans erreur manuelle.

🎯 Conseil : privilégiez des solutions simples et peu coûteuses adaptées aux petites structures.

3. Les obligations spécifiques liées aux congés d’été

Voici les clés pour sécuriser vos recrutements :

La période estivale, souvent synonyme de départs en masse, est encadrée par plusieurs obligations légales que tout dirigeant de TPE ou PME doit connaître pour respecter les règles congés payés.

 

Définir la période légale de prise des congés

Selon l’article L3141-13 du Code du travail, la période de prise des congés doit être fixée par l’employeur après consultation du comité social et économique (CSE) s’il existe, et doit être communiquée au moins deux mois à l’avance.

➡️ En l’absence d’accord collectif, la période légale de prise des congés s’étend du 1er mai au 31 octobre.

 

12 jours consécutifs minimum obligatoire

L’article L3141-18 impose à l’employeur d’accorder au salarié au moins 12 jours ouvrables consécutifs de congés payés pendant cette période, si le salarié en a acquis suffisamment. Cela correspond à 2 semaines complètes, ce qui permet un vrai repos estival.

💡 À noter : cette obligation s’applique même si le salarié ne demande pas à prendre ces jours en continu. C’est à l’employeur d’assurer cette continuité.

 

🛑 Refus ou modification : sous conditions strictes

Un employeur peut refuser une demande de congés ou modifier des dates déjà validées uniquement :

  • pour raisons exceptionnelles liées à l’activité de l’entreprise,
  • en respectant un délai de prévenance d’un mois (article L3141-16).

Tout abus ou décision tardive peut être contesté devant les prud’hommes.

4. La règle du fractionnement des congés : un mécanisme souvent ignoré

La loi permet de fractionner le congé principal (24 jours ouvrables) sous certaines conditions. C’est une obligation potentielle d’accorder des jours supplémentaires, qui s’applique notamment si le salarié ne prend pas la totalité de ses congés d’été durant la période légale.

Que dit la loi ?

L’article L3141-23 du Code du travail prévoit qu’en cas de fractionnement du congé principal en dehors de la période du 1er mai au 31 octobre, le salarié peut avoir droit à des jours de congés supplémentaires. La 5ème semaine et autres congés notamment pour ancienneté n’ouvrent pas droit au fractionnement.

En pratique :

  • Si le salarié prend au moins 12 jours consécutifs pendant la période légale, et le reste après le 31 octobre, il peut bénéficier :
    • 1 jour ouvrable supplémentaire si au moins 3 jours sont pris hors période légale,
    • 2 jours ouvrables supplémentaires si au moins 6 jours sont pris hors période.

➡️ Ces jours supplémentaires sont automatiques, sauf si le salarié y renonce expressément par écrit ou si un accord d’entreprise a supprimé le fractionnement.

🎯 Dirigeants : pensez à formaliser cette règle dans vos documents internes ou dans le logiciel RH utilisé pour éviter des rappels de congés ultérieurs.

5. Les erreurs à éviter en matière de règles congés payés

  1. Ne pas respecter l’ordre de départ défini en amont (ancienneté, situation familiale, etc.).
  2. Imposer des congés sans préavis légal (1 mois minimum pour informer).
  3. Oublier de notifier les congés sur les bulletins de salaire.
  4. Reporter systématiquement les congés d’un salarié sans raison valable.
  5. Ne pas gérer les congés non pris à temps (risque de requalification en dommages-intérêts).

📌 En résumé : obligations clés à respecter sur les congés d’été et le fractionnement

  1. Ne pas respecter l’ordre de départ défini en amont (ancienneté, situation familiale, etc.).
  2. Imposer des congés sans préavis légal (1 mois minimum pour informer).
  3. Oublier de notifier les congés sur les bulletins de salaire.
  4. Reporter systématiquement les congés d’un salarié sans raison valable.
  5. Ne pas gérer les congés non pris à temps (risque de requalification en dommages-intérêts).

Obligation

 

Fixer la période de congés

Accord de 12 jours consécutifs

Délai de prévennance

Fractionnement

Information des salariés

Détail

 

Entre le 1er mai et le 31 Octobre, à communiquer 2 mois avant

Minimum légal à accorder dans la période estival

1 mois pour refuser ou modifier les dates

Droit à jours supplémentaires hors période

Obligation d’affichage et de communication des dates

Référence

 

Art. L3141-13

Art. L3141-18

Art. L3141-16

Art. L3141-23

Art. L 3141-6